Culture
Eglise Sainte-Marie-Madeleine
Quelle drôle d’église que celle de Freissinières ! Alors que les églises de la région ont un clocher-tour, un portail monumental et quantité de décors, celle de Freissinières est très sobre : 4 murs lisses et blancs, une toiture et un petit clocher-mur.
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Eglise Sainte-Marie-Madeleine
En 1783, le curé Albert avait trouvé l’explication. Dans son ouvrage consacré au diocèse d’Embrun, il raconte que dans cette vallée peuplée de Protestants, l’église aurait été construite par un architecte … protestant. Il aurait donné à l’édifice l’aspect d’un temple réformé : quel bon tour joué aux catholiques !
Située dans le quartier de Ville, l’église est jouxtée d’un côté par le cimetière catholique, de l’autre par l’ancien presbytère. En face se trouve le cimetière protestant.
Ses murs nord et sud sont épaulés de contreforts massifs, élevés au XIXe siècle, lorsque le plafond de la nef a été remplacé par une voûte.
Au nord, l’un des contreforts bouche partiellement une ancienne fenêtre (pour le voir, se placer côté montagne sur la route devant l’ancienne école). Au total, il y a 4 baies condamnées en haut du mur nord et autant sur le mur sud, toutes situées plus haut que les voûtes.
Divers autres indices vont dans le même sens : cet édifice a été transformé !
A l’intérieur, l’architecture est tout aussi simple : une nef unique voûté en berceau à pénétrations sans ornement architectural. Seuls les fonts baptismaux, le chemin de croix, quelques statues, un tableau et les évangélistes peints sur la voûte du choeur rompent l’austérité du bâtiment.
Ce n’est pourtant pas dans cet espace que se trouve l’oeuvre la plus surprenante de l’église.
C’est en grimpant à une échelle dans le cagibi jouxtant la sacristie, à l’est, qu’on découvre un grand décor peint dans des tons d’ocres.
Invisible depuis la nef, il orne la partie supérieure du mur du chevet, plus haut que les voûtes.
Autour d’une baie axiale condamnée, sont peints le Sacrifice d’Isaac et l’histoire de Jacob, avec des psaumes écrits en français. S’y ajoutent des rinceaux, un médaillon, une frise végétale et des balustres en trompe l’oeil.
Ce décor, conçu pour un édifice dépourvu de cloisons intérieures et de voûtes, correspond donc à un état primitif du bâtiment.
De ces multiples indices, il résulte que l’église est peut-être l’ancien temple de Ville, dont l’existence est bien attestée courant XVIIe siècle. Des recherches sont en cours, menées par Elsa Giraud, historienne, et Lisa Shindo, pour tenter de tirer au clair ces questions.
Source : Elsa Giraud, L'Atelier d'Histoire, pour Patrimoine Hautes-Alpes.